Le monde catholique et bien au-delà pleure la disparition de Sa Sainteté le pape François, né Jorge Mario Bergoglio, survenue à l'âge de XX ans. Premier pape jésuite, premier pontife originaire d'Amérique latine, il a marqué l'histoire contemporaine de l'Église par son humilité, sa simplicité évangélique et sa détermination à mettre les pauvres, la paix et l'écologie au cœur de son pontificat.
Né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, en Argentine, d'une famille d'immigrés italiens, Jorge Mario Bergoglio devient prêtre en 1969 et entre dans la Compagnie de Jésus. Archevêque de Buenos Aires de 1998 à 2013, il est élu pape le 13 mars 2013, succédant à Benoît XVI, devenu pape émérite après une renonciation historique.
Un pontificat sous le signe de la miséricorde et de la réforme
Dès le début de son pontificat, le pape François impose un style pastoral nouveau. Refusant les fastes, logeant à la Maison Sainte-Marthe plutôt qu'au Palais apostolique, il a pour priorité la proximité avec les fidèles et les plus pauvres. Son choix du nom « François », en hommage à saint François d'Assise, annonce un programme : une Église pauvre pour les pauvres, au service de la Création.
Parmi ses premières décisions marquantes, il convoque un Jubilé extraordinaire de la Miséricorde (2015-2016), invitant les catholiques à redécouvrir le cœur du message évangélique : l'amour inconditionnel de Dieu.
Réformes internes et synodalité
Le pape François entreprend une réforme en profondeur de la Curie romaine, modernisant ses structures et luttant contre les dérives financières, en particulier à travers la réorganisation de la Banque du Vatican (IOR). Son motu proprio Praedicate Evangelium, publié en 2022, redéfinit les missions des dicastères en mettant l'accent sur l'évangélisation.
Il fait également de la synodalité un pilier de son pontificat : avec le Synode sur la famille (2014-2015), celui sur l'Amazonie (2019) et surtout le Synode sur la synodalité (2021-2024), il promet une Église plus collégiale, où la parole des laïcs - y compris des femmes - compte davantage.
Une voix prophétique dans un monde en crise
Sur la scène internationale, le pape François s'est imposé comme un acteur majeur pour la paix, le dialogue interreligieux et la justice sociale. Il s'est engagé personnellement pour la médiation entre Cuba et les États-Unis, a plaidé pour l'accueil des migrants, et a énoncé avec force les effets destructeurs du capitalisme dérégulé.
Sa première encyclique, Lumen Fidei, réalisée avec Benoît XVI, a été suivie par des textes fondateurs : Evangelii Gaudium (2013), manifeste d'une Église missionnaire ; Laudato si' (2015), plaidoyer écologique salué par les milieux scientifiques ; Fratelli tutti (2020), appel universel à la fraternité humaine.
Un pontificat de compassion, non sans tensions
François n'a pas hésité à aborder des sujets sensibles : rôle des femmes, accueil des personnes homosexuelles, divorcés remariés, abus sexuels dans l'Église. Bien qu'il n'ait pas remis en cause les dogmes, il a modifié le ton et ouvert des portes, suscitant espoir chez certains, inquiétude chez d'autres.
Face aux scandales d'abus, il a instauré des mécanismes plus transparents de responsabilisation des évêques ( Vos estis lux mundi, 2019), tout en reconnaissant la nécessité de purifier l'Institution.
Un héritage de douceur, de courage et d'espérance
Sa silhouette penchée, son sourire bienveillant, son humour et son langage direct ont marqué les esprits. Pasteur des périphéries, homme de prière et de dialogue, le pape François laisse derrière lui une Église en mouvement, tournée vers le service, le témoignage joyeux de l'Évangile et l'espérance dans un monde tourmenté.
Sa devise, Miserando atque eligendo - « Il l'a regardé avec miséricorde et l'a choisi » -, résume le cœur de son ministère : celui d'un homme choisi pour aimer, consoler, écouter et réformer.
L'Église universelle rend grâce pour son ministère et confie son âme à la miséricorde divine, dans la paix du Christ qu'il a tant cherché à faire rayonner.